Simplification du CBAM 2025 : Principales modifications et ce qu'elles signifient pour votre entreprise
Charlotte Anne Whitmore
14 Nov 2025
•
7 MIN DE LECTURE
Introduction
Qu’est-ce que le CBAM – en bref
Pour comprendre les modifications, il est utile de rappeler le but et la structure du CBAM.
Le CBAM est un mécanisme de l’UE visant à garantir que les biens importés avec des émissions de gaz à effet de serre incorporées soient soumis à un coût similaire à celui des biens fabriqués dans le cadre du Système d’échange de quotas d’émission de l’UE.
Son objectif est de prévenir les fuites de carbone (délocalisation vers des juridictions à politiques climatiques plus faibles) et de protéger la compétitivité de l’industrie européenne.
Les biens initialement concernés incluent le ciment, le fer et l’acier, l’aluminium, les engrais, l’électricité et l’hydrogène.
Aperçu du calendrier :
- Phase transitoire (uniquement déclarative) débutée le 1er octobre 2023
- Phase définitive avec obligations financières pour les importations à partir de 2026 ; vente de certificats dès le 1er février 2027.
Ce qui change dans l’amendement de 2025
L’amendement 2025 au titre du Règlement 2025/2083 introduit plusieurs simplifications et clarifications afin de faciliter la conformité des entreprises.
Voici les changements clés et leurs impacts pour les entreprises :
- Une exemption unique « de minimis » basée sur la masse est introduite : si les importations annuelles nettes cumulées d’un importateur pour des biens couverts par le CBAM n’excèdent pas 50 tonnes, il est exempté des obligations CBAM (déclaration, rapport, restitution de certificats) pour l’année.
- Ce seuil s’applique aux secteurs du fer et acier, de l’aluminium, du ciment et des engrais (biens de l’Annexe I), mais ne s’applique pas aux importations d’électricité et d’hydrogène.
- L’UE estime que ce changement exonérera environ 182 000 importateurs (principalement des PME et des particuliers) tout en couvrant plus de 99 % des émissions des biens concernés.
- Avertissement important : si le seuil est dépassé au cours de l’année, toutes les émissions des importations CBAM de l’importateur deviennent soumises à l’obligation totale — pas seulement celles dépassant le seuil.
Ce que cela signifie
Publication officielle et entrée en vigueur
L’amendement (Règlement 2025/2083) a été publié au Journal officiel de l’UE, avec une entrée en vigueur le 20 octobre 2025.
Les règles simplifiées s’appliquent avant le démarrage complet des obligations en 2026/2027 — les entreprises doivent donc se préparer dès maintenant.
Autres simplifications clés
- L’utilisation de valeurs d’émission par défaut lorsque les données vérifiées du fournisseur manquent est formalisée.
- Clarification indiquant que les prix du carbone dans les pays tiers peuvent être reconnus (déduits) lorsqu’ils sont dûment justifiés.
- La Commission doit revoir chaque année le seuil de 50 tonnes pour garantir qu’il couvre toujours au moins 99 % des émissions, avec possibilité d’ajustement via acte délégué.
- Flexibilité accrue concernant les déclarants autorisés, les délais de déclaration et les mécanismes de certificats.
Ce que cela signifie pour votre entreprise
Allègement pour les petits importateurs
Méthodologie plus claire et meilleure prévisibilité
Avantage stratégique pour les acteurs proactifs
Planification des coûts et réduction du risque de non-conformité
Votre plan d’action : ce que vous devez faire maintenant
Pour saisir les opportunités et éviter les risques, voici une feuille de route recommandée :
Évaluez vos volumes d’importation et le périmètre sectoriel
- Identifiez si vous importez des biens appartenant aux secteurs couverts par le CBAM.
- Calculez votre tonnage annuel cumulé. S’il est inférieur à 50 tonnes, documentez-le. Si vous approchez ou dépassez ce seuil, préparez-vous à des obligations complètes.
Cartographiez votre chaîne d’approvisionnement et les flux de données d’émissions
- Identifiez les fournisseurs de biens en périmètre et si vous recevez des données d’émissions (directes/indirectes).
- En cas de manque de données, utilisez des valeurs par défaut ou planifiez leur amélioration.
Mettez à jour vos systèmes internes
- Révisez vos outils de comptabilité carbone et déclaration.
- Préparez-vous aux nouveaux formats, délais et éventuelles vérifications des valeurs réelles vs. valeurs par défaut.
Engagez les fournisseurs et actualisez les contrats
- Exigez des fournisseurs qu’ils fournissent des données d’émissions et des preuves de prix carbone dans les pays tiers.
- Envisagez des clauses contractuelles couvrant la conformité des données carbone, les droits d’audit et les incitations à la décarbonation.
Planifiez les coûts des certificats et les scénarios
- Modelez les coûts associés à vos émissions incorporées et les évolutions potentielles du prix des certificats (corrélé au prix des quotas ETS).
- Pour les importateurs dépassant le seuil : il ne s’agit pas uniquement de déclaration — il y a un véritable coût.
Restez informé et surveillez les évolutions
- Bien que le règlement de simplification soit adopté, des actes d’exécution, actes délégués et extensions sectorielles (biens en aval, autres secteurs) sont attendus.
- Surveillez les changements de méthodologie, les règles de vérification et l’élargissement du périmètre.
Pourquoi cela est important pour la compétitivité mondiale
- Les modifications du CBAM reflètent une tendance mondiale : les coûts carbone liés au commerce et aux chaînes d’approvisionnement deviennent des facteurs centraux de compétitivité.
- En alignant les coûts carbone des importations sur ceux des producteurs européens (via l’ETS et le CBAM), l’UE envoie un message : il faut tarifer le carbone, sinon vous serez désavantagé.
- Pour les exportateurs vers l’UE ou fournisseurs dans les chaînes d’approvisionnement européennes : prouver vos performances bas-carbone, la transparence des émissions et votre préparation CBAM devient un avantage concurrentiel croissant.
- Pour les importateurs européens : la simplification aide, mais les obligations demeurent — les entreprises qui voient cela comme une opportunité stratégique prospéreront.
Pourquoi votre entreprise doit agir maintenant
- Le seuil de 50 tonnes et les simplifications réduisent mais n’éliminent pas les obligations CBAM. Une préparation anticipée vous donne un avantage.
- La décarbonation et la collecte de données prennent du temps — commencez maintenant pour influencer vos fournisseurs, processus et matériaux.
- Risque réglementaire : le cadre évolue, le périmètre pourrait s’étendre — être en avance permet d’éviter les urgences.
- Avantage concurrentiel : démontrer votre conformité CBAM et votre préparation bas-carbone est un atout pour les achats, appels d’offres et partenariats.
Conclusion
Plus d'informations

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